Le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, a officiellement ouvert jeudi à Strasbourg la première école européenne en France. De la maternelle au secondaire, l'école accueillera prioritairement les enfants de fonctionnaires du Conseil de l'Europe tout en restant ouverte aux familles investies dans un projet européen.
Xavier Darcos est-il un faux ministre de droite ou un vrai ministre de gauche ? Après les stages de remise à niveau proposés depuis février 2008, le ministre de l’Education nationale vient d’annoncer la mise en place, dès 2009, de stages d’anglais gratuits dans tous les lycées à partir des vacances d’hiver. « Les familles fortunées s'offrent des stages à l'étranger, moi je les offre à tout le monde sur place », s’est-il justifié à la télévision la veille de la rentrée. Objectif : faire en sorte qu’à la fin de leur terminale, les jeunes Français soient « bilingues ». Ambitieux…
Selon une étude mondiale publiée 2008 par l’organisme de certification ETS, le score moyen des Français au TOEFL® (Test of English as a Foreign Language) en 2007 était de 85 sur 120 contre 102 pour les Allemands, 97 pour les Estoniens ou 87 pour les Grecs.
L’anglais en heures sup’
Pour remédier à ce niveau moyen, Xavier Darcos propose donc aux lycéens volontaires des cours d’anglais oral intensif en petits groupes, répartis entre février et début juillet ou fin août. Soit trois semaines pour apprendre à parler couramment grâce à des professeurs (eux aussi volontaires) payés en heures supplémentaires ou des étudiants anglophones.
Des formations par Internet et, plus en amont, des cours d’anglais au collège – pendant les deux heures quotidiennes d'accompagnement éducatif après 16 heures – sont également prévus. « Le coût de l’opération dépendra du nombre d’élèves volontaires », a prudemment répondu Xavier Darcos. Dans un contexte de suppressions de postes, les syndicats enseignants dénoncent une « externalisation de l’enseignement ».
Guerre des certifications
Autre point : le ministre a annoncé la possibilité, pour les élèves de terminale, de passer le TOEFL® à l’issue des stages. Pour ETS, c’est un bon point marqué dans la guerre des certifications après la bataille perdue début 2008 contre l’organisme concurrent Cambridge ESOL. Le département de l’université anglaise avait alors été choisi par le ministère de l’Education nationale français pour faire passer à titre expérimental un test, spécialement conçu pour l’occasion, à 17 000 jeunes de section européenne en lycée professionnel.
Aujourd’hui, c’est au TOEFL, « test de niveau universitaire reconnu à l’échelle internationale », décrit le ministère, d’être mis en avant. « Des contacts ont été établis au plus haut niveau mais nous ne pouvons encore rien dire », avoue Alain Daumas, directeur France d’ETS Europe. A l’Education nationale, on estime que les deux tests ne sont pas incompatibles. De l’art de ménager la chèvre et le chou…
Victor, 5 ans, a du mal à comprendre sa rentrée scolaire. « Ce matin, on commence par une marche pour s'entraîner », lui explique sa maman. Matthieu, 3 ans et demi, rentrera l'après-midi : « Ce matin, je manifeste. Je sais plus pourquoi. » Pour Laurent Marcotte, tête de liste Apepa (association des parents d'élèves de l'enseignement public en Alsace) de l'école maternelle Silberman, c'est évident. « La problématique aujourd'hui, c'est qu'il n'y a pas assez d'enseignants en maternelle. A Silbermann, il y a 87 enfants inscrits pour trois postes dont un à 50 %, un à 90 % qui est la directrice et un à 100 %. En plus, en cours d'année, il y a toujours des élèves qui se rajoutent. Notre revendication, c'est la création d'un poste et si possible, l'ouverture d'une nouvelle classe. »
« Si nous n'avons pas ce demi-poste,
les CE2 risquent de passer à 33, voire 35 élèves »
L'école
maternelle n'est pas la seule concernée par la manifestation des
parents d'élèves de Marckolsheim. Les problèmes d'effectifs existent
également à l'école élémentaire, éclatée en deux sites - Jules-Ferry et
Brant - situés de part et d'autre de la commune. « Il y a 315 enfants
pour 13 classes plus un Rased (réseau d'aide spécialisée aux élèves en
difficulté), considéré comme une classe ouverte, résume Thierry Koch de
l'Apepa. Il manque un professeur qui n'a pas été nommé. »
Les
parents désirent obtenir un demi-poste correspondant à la décharge
complète de Françoise Masson, nommée au poste de directrice de l'école
élémentaire (*) et un demi-poste en français pour la classe bilingue.
« Si nous n'avons pas ce demi-poste, les CE2 risquent de passer à 33,
voire 35 élèves. »
« Nous avons rencontré l'inspectrice de
l'Éducation nationale à Sélestat lundi pour lui dire le peu d'intérêt
que portait l'Éducation nationale à notre cause, ajoute Laurent
Marcotte. Mercredi, la commission technique paritaire départementale se
réunira et les derniers professeurs disponibles connaîtront leur
affectation. Si nous n'avons pas gain de cause, nous continuerons notre
action. »
« Nous avons beaucoup de chances d'obtenir gain de cause »
Il
est 8 h 30 quand le cortège de parents d'élèves part de l'école
Silberman, banderoles en avant, criant dans les rues le slogan « Des
instits pour nos enfants ». Parmi les manifestants se trouvent le maire
et une grande partie du conseil municipal. La mairie prend ce problème
très au sérieux.
Cet été, une réunion a été organisée avec les
parents d'élèves, notamment en ce qui concerne la semaine de quatre
jours et les modifications d'horaires. « J'ai été très surpris de voir
que tous les parents étaient là, remarque Frédéric Pfliegersdoerffer.
C'est le signe de l'inquiétude des parents par rapport à cette
rentrée. »
Le maire ajoute avoir été « sérieusement échaudé par les
déclarations du ministre de l'Éducation nationale pour lequel "les élus
n'ont qu'à se débrouiller". Mais les élus ont travaillé ! L'Éducation
nationale n'a pas fait son travail avec la même célérité. Ce n'est pas
une question de clivage politique, insiste-t-il. J'ai assisté à la
réunion de l'association des maires du Bas-Rhin, et les réactions
étaient unanimes. »
Le cortège serpente dans les rues de
Marckolsheim pour atteindre l'école Brant. Gwenaël, sur les épaules de
Gus, son papa, trouve qu'une manifestation, « c'est rigolo, mais ça
fait mal aux oreilles ». Cela permet de se faire entendre en tout cas.
L'inspectrice
de l'Éducation, Cathy Charvet, fait son entrée à l'école Brant après
avoir compté les élèves à l'école maternelle. Les délégués des parents
d'élèves la suivent. Ils ressortiront de cette réunion improvisée une
demie heure plus tard. « Nos revendications vont être proposées en
commission paritaire. Nous avons beaucoup de chances d'obtenir gain de
cause, dit Thierry Koch. Mais pour la décharge complète de la
directrice, tout dépendra des moyens qui restent à l'Éducation
nationale. » « C'est une sorte de réponse », ironise Gilles Weber.
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