Victor, 5 ans, a du mal à comprendre sa rentrée scolaire. « Ce matin, on commence par une marche pour s'entraîner », lui explique sa maman. Matthieu, 3 ans et demi, rentrera l'après-midi : « Ce matin, je manifeste. Je sais plus pourquoi. » Pour Laurent Marcotte, tête de liste Apepa (association des parents d'élèves de l'enseignement public en Alsace) de l'école maternelle Silberman, c'est évident. « La problématique aujourd'hui, c'est qu'il n'y a pas assez d'enseignants en maternelle. A Silbermann, il y a 87 enfants inscrits pour trois postes dont un à 50 %, un à 90 % qui est la directrice et un à 100 %. En plus, en cours d'année, il y a toujours des élèves qui se rajoutent. Notre revendication, c'est la création d'un poste et si possible, l'ouverture d'une nouvelle classe. »
« Si nous n'avons pas ce demi-poste,
les CE2 risquent de passer à 33, voire 35 élèves »
L'école
maternelle n'est pas la seule concernée par la manifestation des
parents d'élèves de Marckolsheim. Les problèmes d'effectifs existent
également à l'école élémentaire, éclatée en deux sites - Jules-Ferry et
Brant - situés de part et d'autre de la commune. « Il y a 315 enfants
pour 13 classes plus un Rased (réseau d'aide spécialisée aux élèves en
difficulté), considéré comme une classe ouverte, résume Thierry Koch de
l'Apepa. Il manque un professeur qui n'a pas été nommé. »
Les
parents désirent obtenir un demi-poste correspondant à la décharge
complète de Françoise Masson, nommée au poste de directrice de l'école
élémentaire (*) et un demi-poste en français pour la classe bilingue.
« Si nous n'avons pas ce demi-poste, les CE2 risquent de passer à 33,
voire 35 élèves. »
« Nous avons rencontré l'inspectrice de
l'Éducation nationale à Sélestat lundi pour lui dire le peu d'intérêt
que portait l'Éducation nationale à notre cause, ajoute Laurent
Marcotte. Mercredi, la commission technique paritaire départementale se
réunira et les derniers professeurs disponibles connaîtront leur
affectation. Si nous n'avons pas gain de cause, nous continuerons notre
action. »
« Nous avons beaucoup de chances d'obtenir gain de cause »
Il
est 8 h 30 quand le cortège de parents d'élèves part de l'école
Silberman, banderoles en avant, criant dans les rues le slogan « Des
instits pour nos enfants ». Parmi les manifestants se trouvent le maire
et une grande partie du conseil municipal. La mairie prend ce problème
très au sérieux.
Cet été, une réunion a été organisée avec les
parents d'élèves, notamment en ce qui concerne la semaine de quatre
jours et les modifications d'horaires. « J'ai été très surpris de voir
que tous les parents étaient là, remarque Frédéric Pfliegersdoerffer.
C'est le signe de l'inquiétude des parents par rapport à cette
rentrée. »
Le maire ajoute avoir été « sérieusement échaudé par les
déclarations du ministre de l'Éducation nationale pour lequel "les élus
n'ont qu'à se débrouiller". Mais les élus ont travaillé ! L'Éducation
nationale n'a pas fait son travail avec la même célérité. Ce n'est pas
une question de clivage politique, insiste-t-il. J'ai assisté à la
réunion de l'association des maires du Bas-Rhin, et les réactions
étaient unanimes. »
Le cortège serpente dans les rues de
Marckolsheim pour atteindre l'école Brant. Gwenaël, sur les épaules de
Gus, son papa, trouve qu'une manifestation, « c'est rigolo, mais ça
fait mal aux oreilles ». Cela permet de se faire entendre en tout cas.
L'inspectrice
de l'Éducation, Cathy Charvet, fait son entrée à l'école Brant après
avoir compté les élèves à l'école maternelle. Les délégués des parents
d'élèves la suivent. Ils ressortiront de cette réunion improvisée une
demie heure plus tard. « Nos revendications vont être proposées en
commission paritaire. Nous avons beaucoup de chances d'obtenir gain de
cause, dit Thierry Koch. Mais pour la décharge complète de la
directrice, tout dépendra des moyens qui restent à l'Éducation
nationale. » « C'est une sorte de réponse », ironise Gilles Weber.