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Titre du blog : Lus dans la presse pour vous
Auteur : apepa
Date de création : 03-09-2008
 
posté le 23-06-2009 à 12:10:53

Lycée : deux rapports pour une réforme

Alors que débute le baccalauréat et que le président de la République dispose depuis le mardi 2 juin du rapport Descoings, la concertation sur le lycée continue. Le travail de terrain réalisé depuis le mois de janvier dernier par le directeur de Sciences Po Paris pourrait se poursuivre.

L'énarque a en effet proposé ses services pour reprendre sa mission à la rentrée prochaine. Rien n'est tranché puisque l'Elysée souhaite de son côté une reprise en main du dossier par la Rue de Grenelle. Le ministre de l'éducation, Xavier Darcos, avait été dessaisi en décembre de ce dossier, après le retrait de son projet et la nomination de Richard Descoings comme médiateur.

Intitulé "Préconisations pour la réforme du lycée", ce travail fait ressortir que le terrain n'est pas mûr pour une refondation de ce maillon du système qui amène 63,7 % d'une génération au bac. Continuer les discussions avec les acteurs de l'enseignement secondaire, enseignants, parents et lycéens, pourrait faire avancer un peu plus les sujets les plus délicats. Il s'agit de faire évoluer le lycée vers plus de justice sociale tout en le rendant plus efficace, à l'heure où la France y consacre 6,3 % de son PIB quand la moyenne des pays de l'OCDE est à 5,9 %.

Les préconisations Descoings ne sont pas les seules à nourrir le débat. Le député UMP de la Marne, Benoist Apparu, a aussi élaboré un rapport d'information parlementaire sur ce sujet.

Il a proposé une architecture globale où le lycée trouve place comme second bloc après l'enseignement obligatoire (primaire et collège) dans un ensemble qui va jusqu'à la licence. Aux conclusions dégagées par ces deux acteurs du débat viennent encore s'ajouter les expérimentations lancées par plus d'une centaine d'établissements et encouragées par Xavier Darcos. C'est donc la synthèse de ces trois approches qui pourra permettre d'avancer dans l'élaboration d'un lycée plus efficace et plus adapté aux adolescents. Le ministre s'est déjà dit séduit par quelques propositions du rapport Apparu, au rang desquelles les sas permettant de passer d'une voie à une autre, d'une série à une autre, figurent en bonne place. Un moyen de limiter le taux de redoublement de la classe de seconde qui a du mal à descendre sous le seuil des 13 %.

Si le contenu de la réforme a changé, le calendrier initial est conservé. Des innovations, qui se veulent des améliorations du système, devraient voir le jour à la rentrée 2010.

Une meilleure orientation, une pratique orale plus importante des langues vivantes, un temps d'accompagnement plus personnalisé des élèves à côté des cours magistraux et une valorisation de l'engagement des jeunes, entre autres, figurent sous des formes différentes dans les deux rapports. Ces mesures très consensuelles offrent autant de portes d'entrée pour une amélioration du lycée et permettent de retarder l'heure des grands bouleversements. A après 2012 ?

Toutes ces mesures ne sont pas aussi faciles à mettre en oeuvre. D'autant que celui qui a ouvert l'école de la rue Saint-Guillaume aux jeunes les plus prometteurs de plusieurs dizaines d'établissements des zones défavorisées est sensible à un rééquilibrage entre les différents bacs qui n'offrent pas les mêmes chances de réussir ses études supérieures. Cette approche intéresse aussi l'Elysée et la Rue de Grenelle, mais demande encore à être affinée. On ne touche pas à un bac sans déséquilibrer tout le reste du système.

Sur 100 élèves d'une classe d'âge aujourd'hui, 35,5 % décrochent un bac général ; 18,6 % un bac technologique ; 16,3 % un bac professionnel et 29,6 % arrêtent leurs études avant ce premier grade de l'enseignement supérieur. La hiérarchie qui existe entre ces différentes voies se double d'une autre entre les séries de la voie générale.

Au fil des ans, le bac L a vu son nombre de candidats réduire pour ne plus concerner que 11,7 % de l'ensemble des bacheliers. Cette lente décrue n'a pas été endiguée par la dernière tentative de revalorisation de ce bac dans les années 1990. A l'époque, la série avait été renforcée en lettres. Cette fois, Richard Descoings propose d'adopter la démarche inverse, de lui instiller de la culture humaniste et d'en faire la grande série des langues vivantes.

Il propose en même temps de rendre plus scientifique le bac S, afin d'éviter que de bons littéraires le préparent pour poursuivre des études de lettres. Le sujet est délicat. Les élèves qui arrivent en terminale scientifique sont huit fois plus souvent fils de cadres supérieurs que d'ouvriers et n'ont pas envie de voir le système changer. Ni leur bac se démonétiser.

La très sérieuse consultation de Richard Descoings aura aussi eu le mérite de mettre le doigt sur quelques susceptibilités.


lire le rapport Descoings :

http://blog.lyceepourtous.fr/rapport-complet/

LE MONDE | 22.06.09 | 10h13