posté le 14-12-2008 à 15:28:15
Darcos révèle sa réforme de la seconde
Darcos révèle sa réforme de la seconde
Propos recueillis par Adeline FLEURY
Tout
au long de la semaine, la fronde contre le projet de réforme des lycées
de Xavier Darcos n'a pas faibli. Vendredi, plus d'une centaine
d'établissements étaient toujours bloqués, surtout dans l'Ouest. C'est
dans ce contexte de tensions que le ministre de l'Education nationale
présente mardi la première étape de sa réforme, qui concernera la
classe de seconde. En exclusivité pour le JDD, Xavier Darcos en dévoile les grandes lignes.
A quoi ressemblera la nouvelle classe de seconde, qui sera mise en place en septembre 2009?
Elle comprendra un tronc commun avec le français, les maths,
l'histoire, deux langues vivantes et les sciences économiques. Jusqu'à
présent, celles-ci n'étaient qu'une option. La situation actuelle a
montré combien la compréhension des mécanismes économiques était
importante. Le tronc commun sera enrichi par cet enseignement à raison
d'une heure et demie par semaine. Les SES seront aussi proposées parmi
les modules d'approfondissement (humanités, sciences, sciences de la
société, technologies) qui complèteront le tronc commun à hauteur de
six heures hebdomadaires. Enfin, chaque élève bénéficiera de trois
heures d'accompagnement personnalisé par semaine pour réussir sa
seconde.
Combien d'heures par semaine au total?
La nouvelle seconde représentera 31h30 hebdomadaires, ce qui est
comparable à la moyenne actuelle. L'année scolaire sera divisée en deux
semestres, avec une semaine de bilan qui permettra de préparer son
orientation. Le but étant de limiter le nombre de redoublements et de
mieux préparer les élèves à l'université en les rendant plus autonomes.
Aujourd'hui, 15% d'élèves de seconde redoublent, et, entre la 4e et la
classe de 1ère , 150 000 élèves quittent le système scolaire en
situation d'échec. Il est temps d'agir! Notre système présente une
déperdition d'énergie considérable, alors qu'il dispense le plus grand
nombre d'heures de cours au monde. Le système français est très lourd,
généreux certes, mais pas assez efficace.
Vous avez qualifié le mouvement lycéen de "petite concentration de mécontentements". Ne sous-estimez-vous cette mobilisation ?
Il ne s'agit pas à proprement parler d'un mouvement lycéen. Au
printemps dernier, ils étaient 200.000 dans la rue, contre 20 à 30 000
aujourd'hui. Les blocages représentent moins de 10% des lycées. En
revanche, un phénomène nouveau m'inquiète: des lycées voient débarquer
des jeunes, dont on ne sait pas d'où ils viennent, qui enflamment des
poubelles, jettent des caddies sur les grilles, et qui s'en prennent
aux personnes. Ces perturbateurs ne savent pas contre quoi ils
manifestent, ils parlent de la "loi Darcos" alors qu'il n'existe pas de
"loi Darcos". C'est un mouvement sans mot d'ordre.
Des enseignants appellent à la désobéissance pédagogique, que pensez-vous de ces nouveaux modes d'opposition ?
C'est un épiphénomène par rapport aux 380.000 professeurs du premier
degré. Appeler "résistance pédagogique" le fait de refuser d'appliquer
les deux heures de soutien me semble un peu fort. Les syndicats ont
compris que la grève n'est plus un moyen utile, ils cherchent à établir
d'autres formes d'action sur l'opinion. Mais la plupart de ces
mouvements n'ont pour but que la désinformation, comme ces pétitions
répétées pour appeler à la non suppression de la maternelle dont je ne
cesse de dire qu'elle n'est en aucun cas remise en cause.
Une pétition de plus de 200 000 signatures vous a été remise pour
défendre les Rased (réseaux d'aides spécialisés). Maintenez-vous la
suppression de 3000 postes en 2009?
Je ne remets pas en cause le dispositif de Rased en soi, je le fais
évoluer pour qu'il intègre l'ensemble du dispositif de traitement de la
difficulté scolaire mis en oeuvre depuis cette rentrée avec les 2
heures de soutien par semaine. Le rôle des 8 000 Rased qui vont rester
va évoluer pour qu'ils puissent intervenir là où c'est le plus
approprié. Dans les zones rurales, où on a le plus besoin d'itinérants
ou en Zone d'éducation prioritaire où on a le plus besoin d'une
approche psychologique de la difficulté scolaire. Je compte aller plus
loin en lançant un "plan national de formation des enseignants au
traitement de la difficulté scolaire". Sur les cinq prochaines années,
40 000 enseignants pourront suivre une formation continue spécifique
pour mieux répondre à la difficulté scolaire. De sorte que notre
objectif de réduire par trois le nombre d'élèves sortant de l'école
primaire sans maîtriser les savoirs fondamentaux soit atteint à la fin
du quinquennat.