Les déclarations du ministre n'y auront rien changé : au lendemain d'une journée de mobilisation nationale, les lycéens ont amplifié leur mouvement jeudi. Partout en France et dès le début de la journée, des blocages ont eu lieu dans de nombreux lycées et des cortèges organisés dans des dizaines de villes.
Comme depuis le début de la semaine, l'ouest et le sud de la France ont semblé les plus mobilisés. Les plus gros rassemblements ont eu lieu à Rennes (3.500), Quimper (2.000), Nantes (1.500) et Caen (1.000) mais d'autres actions ont été obervées à Landerneau, Quimperlé et Concarneau (Finistère), Saint-Brieuc et Loudéac (Côtes d'Armor), Redon (Ille-et-Vilaine), Le Mans (Sarthe), Vire (Calvados), Vannes (Morbihan) ou Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). En Vendée, 600 à 800 lycéens ont tenté de perturber l'inauguration de la ligne TGV Paris/Sables d'Olonne.
Dans le sud, les principales actions lycéennes ont eu lieu à Marseille, Aix-en-Provence, Salon-de-Provence, Martigues (Bouches-du-Rhône) ou encore Cavaillon (Vaucluse). Au nord, un millier de lycéens ont défilé à Amiens (Somme) et à peu près la moitié à Lille (Nord).
Mais comme les jours précédents, des affrontements entre jeunes et forces de l'ordre ont éclaté dans plusieurs villes. A Brest, où le mouvement semble particulièrement tendu, de nouveaux incidents ont éclaté entre jeunes et forces de l'ordre. Des grenades lacrymogènes tirées par les CRS ont atterri dans la cour d'un lycée. Dans les Bouches-du-Rhône, quatre lycéens ont été interpellés en marge d'une manifestation à Vitrolles. A Nîmes, une proviseure de lycée a été violemment agressée lorsque des jeunes tentaient de bloquer l'entrée du lycée. Le rectorat a annoncé son intention de porter plainte.
Pourtant, tôt jeudi matin, le ministre de l'Education a bien tenté de rassurer les lycéens et leurs parents. Un peu plus d'un an après avoir évoqué l'idée d'un baccalauréat unique, Xavier Darcos a notamment assuré sur RMC que «le baccalauréat restera ce qu'il est».
Face à la grogne lycéenne montante, le ministre a également promis que les trois filières actuelles (scientifiques, littéraires et économiques et sociales) ne seront pas supprimées. «On les appellera peut-être différemment, mais il y aura toujours ces dominantes là, a-t-il affirmé. Je ne prévois pas de mutation brutale.»
«Réformer le lycée sans réformer le bac, ça n'a pas vraiment de sens, répond avec scepticisme Lucie Bousser, présidente de l'Union nationale des lycéens (organisation majoritaire, classée à gauche), contactée par lefigaro.fr. Nous, nous voulons bien que le bac soit réformé, mais il faut que cela se fasse dans le temps et dans la concertation.»
Quant à la réforme de la classe de seconde, cible actuelle du mouvement lycéen, le ministre ne s'est pour l'instant exprimé que peu ou prou. Xavier Darcos a dit regretter «la désinformation et les bobards», et s'apprête à écrire aux parents d'élèves de troisième pour expliquer sa réforme. Les parents «verront en particulier que ceux qui s'inquiètent (…) d'une diminution de l'offre éducative se trompent.»
«S'adresser aux parents, c'est une très bonne initiative. Mais il faut surtout s'adresser aux élèves. On est quand même les premiers concernés !», souligne l'UNL, qui doit désormais patienter jusqu'aux précisions du ministre quant à la réforme de la seconde. Des précisions attendues mardi mais d'ores et déjà, l'Union nationale des lycéens appelle à une nouvelle mobilisation nationale le jeudi 18 décembre.
Quant aux vacances de Noël qui approchent, «ça va faire une pause et ça repartira de plus belle à la rentrée!», assurait mercredi au figaro.fr Anthony Evennou, secrétaire général de l'UNL.