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Titre du blog : Lus dans la presse pour vous
Auteur : apepa
Date de création : 03-09-2008
 
posté le 24-09-2008 à 11:25:11

Soutien scolaire : les nouvelles mesures et leur impact

 A la rentrée 2008 plusieurs mesures sont venues renforcer le soutien scolaire apporté aux élèves en difficulté. Quelles sont les mesures mises en place, quel sera leur impact ? Une analyse de Valérie Schneider, de l’Observatoire des inégalités.

A la rentrée 2008 plusieurs mesures sont venues renforcer le soutien apporté aux élèves en difficulté. Celle dont la portée est la plus large est la suppression des cours le samedi matin au primaire [1], remplacés par deux heures hebdomadaires d’aide individualisée aux élèves qui ne suivent pas.

Depuis le printemps 2008, des stages sont mis en place durant les congés pour 115 000 élèves volontaires de CM1 et CM2 et 6 000 lycéens de 200 établissements dit « difficiles ». Le ministre de l’éducation Xavier Darcos a annoncé qu’ils seraient complétés en 2009 par des stages d’anglais gratuits pour les lycéens pendant les vacances de février et d’été et pendant les heures d’accompagnement éducatif dans les collèges. Enfin, tout au long de l’année, deux heures d’accompagnement éducatif gratuit seront proposées aux élèves volontaires le soir après la classe dans tous les collèges, et dans 200 lycées situés dans des zones d’éducation prioritaires (ZEP). Cette mesure avait été lancée à la rentrée 2007 dans tous les collèges de ZEP et ces 200 lycées étaient déjà concernés par ces stages en août dernier.

Le ministre de l’éducation Xavier Darcos veut une école « plus juste ». « J’ai l’obsession de la justice sociale (...), le véritable ennemi de l’école c’est le déterminisme », a-t-il déclaré le 28 août. La politique actuelle semble constituer un tournant dans l’aide aux élèves les plus défavorisés. Reste à savoir si la méthode employée est vraiment la bonne.

 

 

Deux heures de soutien par semaine au primaire
Qu’est-ce que c’est ?
Les heures du samedi matin sont supprimées, ce qui fait passer la durée hebdomadaire d’enseignement de 26 heures à 24 heures. Les deux heures ainsi dégagées sont consacrées aux élèves en difficulté, qui bénéficieront d’une aide personnalisée. L’aide est mise en place, école par école, par le conseil des maîtres, et arrêtée par l’inspecteur de l’Éducation nationale. L’organisation est inscrite au projet d’école et présentée au conseil d’école.
Pour qui ?
Les élèves concernés sont ceux qui présentent des difficultés scolaires, après proposition de l’enseignant et accord des parents. Le repérage et le suivi des enfants est assuré par le maître qui s’appuie sur les évaluations nationales, les références en matière de connaissances et de compétences définies dans les nouveaux programmes, ainsi que les outils d’évaluation et de contrôle mis en œuvre dans les classes.

- Les points positifs :

- Les heures d’enseignement sont en France parmi les plus longues (1042 heures par an, 200 heures de plus qu’en Finlande) mais les résultats ne sont pas pour autant meilleurs. La diminution de l’horaire moyen au profit des plus en difficulté semble donc légitime.

- Les inégalités scolaires se construisent dès le début des parcours. Cibler les élèves dès les petites classes, en particulier à l’école primaire, permet d’agir avant que les retards ne soient trop difficiles à rattraper.

- La mesure concerne l’ensemble des établissements, et non uniquement certains territoires en difficulté (les zones d’éducation prioritaires). Tous les enfants en échec scolaire pourront donc y avoir accès.

- Les écoles sont autonomes dans l’organisation de ce soutien scolaire, les enseignants s’organisent librement en fonction des besoins.

- Les points négatifs :

- Ce changement impose une réorganisation de certains services liés à la prise en charge du temps périscolaire, et parfois des transports scolaires.

- Que deviennent les réseaux d’aide spécialisée aux élèves en difficulté (Rased), composés d’instituteurs (trices) spécialisé(e)s, et qui ont déjà une bonne connaissance du terrain ? Ils sont étrangement absents du dispositif.

- La répartition de la semaine sur seulement 4 jours n’est pas adaptée aux rythmes biologiques de l’enfant. [2] Il aurait été préférable de réduire la journée scolaire elle-même. L’effet est encore plus important pour ceux qui suivent les heures de soutien. Faute de réorganisation plus globale, ces heures sont placées aux moments de la journée où les jeunes sont le moins réceptifs.

- Le suivi individualisé risque de distinguer plus nettement les mauvais élèves dans chaque classe même s’il est vrai qu’ils le sont souvent déjà dans un pays où les évaluations sont à la fois précises et fréquentes. Dans l’absolu, c’est durant la classe que ce soutien devrait être apporté. Dans la pratique, c’est déjà ce que font les professeurs des écoles.

- Que fait-on des deux heures en moins pour l’ensemble des élèves ? La demande faite aux écoles primaires est contradictoire : d’un côté on voudrait que les enfants apprennent plus de tout (du français, des maths, de l’anglais, de l’histoire de l’art…), de l’autre on réduit les horaires. Certaines disciplines essentielles risquent d’être sacrifiées (les sciences, l’histoire). |

 

 

Des stages pour les CM1 et CM2
Qu’est-ce que c’est ?
Des stages de remise à niveau en français et mathématiques d’une durée de 15 heures, assurés par des enseignants volontaires, pourront être proposés par toutes les écoles primaires durant les vacances scolaires.
Pour qui ?
Pour les élèves volontaires de CM1 et CM2. 192 000 élèves ont déjà bénéficié de ces stages mis en place durant les vacances de printemps et la dernière semaine des vacances d’été 2008.

- Les points positifs :

- Ces stages permettent aux familles modestes de bénéficier d’un soutien scolaire gratuit.

- Le passage au secondaire constitue une rupture profonde pour les élèves. Le niveau de certains en CM2 ne leur permet pas d’aborder le collège dans de bonnes conditions. Ces stages peuvent donner un « coup de pouce » supplémentaire, permettre de revoir quelques notions particulières.

- Le travail en petit groupe facilite la révision des « fondamentaux ».

- Les points négatifs :

- Ces stages sont mis en place sur la base du volontariat. Tous les élèves en difficulté ne seront pas forcément concernés.

- Par définition, il s’agit d’éléments ponctuels : ils ne combleront pas des lacunes importantes.

 

 

 

Le soutien scolaire au collège et au lycée
Qu’est-ce que c’est ?
Selon le ministère de l’éducation : « l’accompagnement éducatif est une offre éducative complémentaire aux enseignements obligatoires ainsi qu’à l’aide personnalisée de 2 heures par semaine offerte aux élèves qui rencontrent des difficultés d’apprentissage ». Cet accompagnement est organisé 4 fois par semaine, plutôt en fin de journée, à raison de 2 heures. Il peut s’agir d’aide au travail scolaire, de pratiques sportives, artistiques, culturelles ou d’aide à la maîtrise de l’outil informatique.
Pour qui ?
Les élèves volontaires de tous les collèges (mesure déjà expérimentée à la rentrée 2007 dans les collèges de ZEP) et de 200 lycées dit difficiles qui étaient déjà concernés par ce soutien dispensé sous forme de stages en août dernier.
Qui l’assure ?
Des enseignants volontaires, des assistants d’éducation (l’accompagnement éducatif fait partie de leur mission), des intervenants externes (associations, structures culturelles ou sportives, étudiants, parents d’élèves, bénévoles). Ces intervenants sont rémunérés, selon leur statut, en heures supplémentaires ou en vacations.

- Les points positifs :

- Dès la 6ème, les difficultés scolaires sont marquées et s’accentuent ensuite. De nombreux parents se tournent vers les cours privés payants de soutien scolaire. L’accompagnement éducatif a le mérite d’être proposé à tous sans distinction dans les établissements concernés.

- Pour les élèves en difficulté, ce temps peut être l’occasion de revoir des points non compris, mais aussi d’instaurer une relation différente avec l’école, d’être écoutés et mieux compris.

- Les points négatifs :

- Si tous les collégiens sont concernés, seuls 200 lycées dit difficiles mettront en place cette mesure. Pourtant dans tous les lycées sans exception, des élèves peuvent avoir besoin de ce soutien supplémentaire.

- La mise en place de cet accompagnement ne remet pas en cause l’académisme des enseignements au collège, l’intensité des évaluations et le rôle prédominant des mathématiques et du français qui pourtant sont pour beaucoup dans l’échec scolaire.

Quel jugement porter sur ces mesures ?

Proposer des mesures de soutien, même si elles ne sont pas complètement satisfaisantes, a le mérite de mettre en évidence un problème réel. Les inégalités - notamment liées à l’origine sociale des élèves - présentes dès l’école maternelle et qui s’accentuent à l’entrée au collège, ne se réduisent pas. Les fils de cadres supérieurs ont 2,9 fois plus de chances que les fils d’ouvriers d’avoir leur bac et 8 fois plus d’obtenir un bac S...

On peut comprendre que les changements proposés à la rentrée 2008 posent des problèmes dans la gestion du quotidien. La réorganisation du temps scolaire pour intégrer les modules de soutien aura pour conséquence par exemple, dans certains cas, de revoir avec les communes tout ce qui touche le périscolaire et les transports scolaires. Ces problèmes, même s’ils peuvent être complexes et engager des dépenses supplémentaires, ne doivent pas faire obstacle à la mise en œuvre de mesures pouvant aider les élèves qui ont le plus besoin de soutien.

Ces mesures semblent aller dans la bonne direction même si elles ne touchent que la pédagogie. D’autres facteurs, dont notamment l’environnement familial, ne sont pas pris en compte, alors qu’ils influent grandement sur les résultats scolaires. Surtout, elles ne doivent pas masquer l’essentiel : l’enseignement le plus efficace est celui qui est dispensé au sein de la classe. Si l’on veut que l’école joue un véritable rôle dans l’égalité des chances, alors il faut revoir la façon d’enseigner, trop académique, les niveaux de classes, trop cloisonnés, et s’interroger sur les effets des évaluations constantes des élèves.

Enfin, la crédibilité politique de ces mesures serait davantage assurée si le gouvernement ne supprimait pas plus de 10 000 postes d’enseignants par an. Certes, les moyens ne font pas tout. Mais il y a là une contradiction : la prise en charge de la difficulté scolaire implique d’être plus proche des besoins de chaque élève. Il paraît difficile d’individualiser avec davantage d’élèves par enseignant… Au bout du compte, on peut avoir plus de soutien, mais des classes plus chargées, des conditions d’enseignement dégradées et un bilan peu favorable.

Pour en savoir plus :
- La rentrée 2008 sur le site de l’Education nationale

- Le rapport sur l’école primaire du Haut conseil de l’éducation

- Sur le site Le café pédagogique : Les rythmes scolaires sont-ils adaptés aux besoins des enfants ? , un article de Hubert Montagner, docteur ès-Sciences, professeur des Universités en retraite, ancien directeur de recherce à l’INSERM

- La 1ère journée de refus de l’échec scolaire. Toutes les informations sur www.refusechecscolaire.org



[1] Ces heures sont réparties sur la semaine soit le matin, le midi ou le soir. Il est à noter que certains établissements ont fait le choix en accord avec les municipalités et les inspections académiques de garder le rythme de cinq jours en travaillant le mercredi matin.

[2] Voir par exemple : François Testu, Rythmes de vies et rythmes scolaires, éd. Masson, 2008.